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Non ma fille, tu n'iras pas danser regarder en ligne regarder en ligne bonne qualite

Pour les vacances, LГ©na, une mГЁre cГ©libataire, emmГЁne ses enfants, Anton et Augustine, chez ses parents en Bretagne. Elle y retrouve Gulven, son frГЁre, venu avec sa petite amie, et sa soeur, FrГ©dГ©rique, enceinte, avec son mari Thibault. Sa mГЁre, Annie, et sa soeur ont invitГ© en cachette son ex-mari Nigel pour qu'il puisse voir les enfants, qu'elle tient Г©loignГ©s de lui depuis qu'elle l'a quittГ©. Hors d'elle, elle demande Г Thibault de la raccompagner Г la gare avant de cГ©der Г la pression familiale et de revenir Г la maison. Elle finit par mettre Nigel Г la porte et retourne Г Paris, oГ№ elle retrouve son amant.

Critique lors de la sortie en salle le 02/09/2009

Par Louis Guichard

La rentrée donne des envies de fugue ? Départ imminent en gare de Paris-Montparnasse, direction la Bretagne. Le conducteur est un enfant du pays. Christophe Honoré, réalisateur en plein élan de Dans Paris, Les Chansons d'amour, La Belle Personne. Quant à celle qu'on suivra – qu'on suivrait n'importe où –, c'est Chiara Mastroianni, rapide, nerveuse et à vif, tout simplement dans son meilleur rôle.

On a presque perdu l'habitude de voir, dans le cinéma français, un film porté par un personnage à qui il n'arrive rien de spectaculaire – ni destin d'icône nationale ni accumulation d'ignominies subies ou perpétrées. Ce que Léna traverse ne pourrait être résumé par un slogan sur une ­affiche. Une dépression. Mais elle dépense une énergie folle. Ne tient pas en place. Entretient une relation fusionnelle avec ses deux jeunes enfants. A peine arrivée à la campagne chez ses vieux parents, elle menace de repartir, révoltée par les plans (bien intentionnés) de toute sa famille pour recoller, à sa place, les morceaux de sa vie de mère divorcée, en rupture d'homme, d'activité, de projets. Car tout le monde attend de Léna qu'elle se ressaisisse, qu'elle retravaille, qu'elle s'occupe moins, mais mieux, de ses enfants, etc.

La raison de son comportement, on l'apprendra au vol. Ces précisions n'enlèveront rien à la beauté border line du personnage, entre les héroïnes de Cassavetes (tendance Sous influence ), qui ont trop à donner, et celles de Téchiné (version Le Lieu du crime ), lancées dans des fuites en avant, ou en arrière, non contrôlées. Léna ne laisse rien passer aux autres, réfute tout ce qu'on peut dire d'elle (« rebelle », « veut trop bien ­faire ». ), refuse avec virulence toutes les ­solutions qu'on lui propose. Elle a pourtant plus de douceur et d'innocence que tous ceux avec qui elle s'engueule. Ne la secouez pas, elle est pleine de larmes. Même son petit garçon a peur pour elle.

C'est prouvé, un film triste peut procurer beaucoup de joie. Non ma fille. a beau montrer une femme étouffée par les normes, culpabilisée par ses proches, c'est un moment de cinéma très tonique. Sans doute parce que Christophe Honoré met en scène la crise de Léna comme une rechute d'adolescence, une ruade de vieille jeune fille – avec toute l'énergie dévastatrice, parfois le lyrisme, mais aussi les effets comiques que cela permet. Cheveux très longs et jupe très mini, Léna reproche aux autres de se contenter de peu, de s'être « habitués à ne pas respirer », comme une lycéenne s'énerverait contre les renoncements et les conformismes de ses parents.

Au fond, Léna est trop lucide pour en vouloir vraiment à qui que ce soit. L'électricité qui circule dans ce « film de famille » n'a rien à voir avec, par exemple, la cruauté et les rancunes telluriques d'Un conte de Noël (Desplechin), également avec Chiara M. Une tendresse piquante, aigrelette, domine. Les hommes font ce qu'il peuvent, mais ne sont que des hommes – comme l'ex (Jean-Marc Barr), solide, mais un peu salaud sur les bords. Les femmes, en revanche, sont parfois des surhommes. Telle cette petite sœur sarcastique que tout le monde prend pour la grande (Marina Foïs, de mieux en mieux), du moins quand elle ne pleure pas comme une Madeleine. Et cette mère aimante, dure, forte, croyante, toujours prête à reprendre du service en cas de défaillance de sa progéniture, quitte à infantiliser Léna au dernier degré – Marie-Christine Barrault, qu'on n'avait pas vue depuis longtemps, remarquable.

L'idée d'Honoré, et de sa coscénariste, ­Geneviève Brisach, c'est d'imputer la douleur de Léna non à quelqu'un mais plutôt à un ordre ancien du monde, qui dénie aux femmes le droit de se vouer à leur propre bonheur. Le récit s'interrompt ainsi, en son milieu, au profit d'une légende bretonne, celle de Katell la Perdue, jeune femme descendue aux enfers pour avoir préféré la danse et les hommes à son ­devoir. Cette parenthèse a priori casse-gueule, en fait fort belle, devient une clé de voûte pour le film tout en lui assignant une direction inquiétante. Le suspense induit par la superbe musique d'Alex Beaupain prend alors tout à fait corps. On suit notre Léna bien-aimée, et si mal assurée, jusqu'au bout de son plongeoir existentiel, et on partage son vertige.

Critique du 25/05/2013

Par Louis Guichard

| Genre. femme au bord des larmes. C'est prouvГ©, un film triste peut procurer beaucoup de joie.… (Lire la suite)